De la musique en bouteille

Distillerie du Quai SuperSonic

« I’m feeling supersonic. Give me gin and tonic. » En 1994, Jean-François Rheault œuvre comme disquaire dans une succursale de la chaîne HMV quand il glisse dans le lecteur CD le premier album du groupe mancunien Oasis, Definitely Maybe. Il est instantanément happé par la voix nasillarde de Liam Gallagher, qui semblait s’y connaître en matière de libations.

« En entendant ces phrases-là, je me suis dit “Yes”, je ne suis pas le seul au monde à boire des gin tonic ! » Dans ce temps-là, parmi mes chums, j’étais le seul qui ne prenait pas de la Labatt Bleue », se souvient le directeur de la Distillerie du quai qui, depuis 2019, fabrique à Sainte-Angèle-de-Laval (Bécancour) un London dry gin baptisé SuperSonic, en l’honneur de la chanson (Supersonic) grâce à laquelle son créateur vécut l’épiphanie.

Il apparaissait essentiel pour le mélomane et distillateur de se servir de son gin afin de mettre en lumière l’importance de la musique au cœur de nos quotidiens, dans la mesure où un spiritueux goûte toujours meilleur lorsqu’il est accompagné de la bonne trame sonore, et que « c’est vraiment rare que tu vas prendre un verre en silence ».

L’artisan vigneron, comme l’auteur-compositeur, est obsessif dans son désir de trouver l’émotion juste

 

Dans un geste qui relève sans doute plus de la foi que de la science, la Distillerie du quai place ainsi des haut-parleurs tout autour de ses cuves et diffuse une même liste de lecture pendant les quatorze heures que dure une distillation. La liste de lecture en question est ensuite associée à chacune des bouteilles du lot grâce à un code QR (mais si vous abhorrez Spotify, vous pouvez vous procurer des vinyles entre les murs de la distillerie même).

« Jusqu’à quel point l’effet de la musique qui joue pendant la distillation est-il perceptible sur le gin ? » demande Jean-François Rheault en anticipant notre question. « Je ne sais pas, mais on aime y croire. »

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